vendredi 28 mai 2010

Album Herzeleid

Les liens vers les traductions:

Wollt ihr das Bett in Flamen sehen?

Der Meister

Weisses Fleisch

Asche zu Asche

Seemann

Du riechst so gut

Das alte Leid

Heirate Mich

Herzeleid

Laichzeit

Rammstein

Nebel

Nebel


Sie stehen eng umschlungen
Ein Fleischgemisch so reich an Tagen
Wo das Meer das Land berührt
Will sie ihm die Wahrheit sagen
Doch ihre Worte frisst der Wind
Wo das Meer zu ende ist
Hält sie zitternd seine Hand
Und hat ihn auf die Stirn geküsst

Sie trägt den Abend in der Brust
Und weiß dass sie verleben muss
Sie legt den Kopf in seinem Schoss
Und bittet einen letzten Kuss

Und dann hat er sie geküsst
Wo das Meer zu ende ist
Ihre Lippen schwach und blass
Und seine Augen werden nass

Der letzte Kuss ist so lange her
Der letzte Kuss
Er erinnert sich nicht mehr

La brume

Ils sont étroitement enlacés
Une union charnelle de tant d’années
Là où la mer frôle la terre
Elle veut lui dire la vérité
Mais le vent avale ses mots
Là où la mer s’achève
Elle lui tient la main en tremblant
Et l’a embrassé sur le front


Elle porte le soir dans son sein
Et sait qu’elle doit vivre ses instants derniers
Elle pose sa tête sur ses genoux
Et demande un dernier baiser


Ensuite il l’a embrassée
Là où la mer s’achève
Elle a les lèvres pâles et frêles
Et lui les yeux mouillés


Le dernier baiser date de si longtemps
Le dernier baiser
Il ne s’en souvient plus

NB : En construisant une phrase complète pour la deuxième partie du refrain, j’ai évité les précisions du genre : « Ses lèvres (à elle)…ses yeux (à lui)… » comme on le voit dans des traductions puisque le français, contrairement à l’allemand, utilise le même possessif pour le féminin et le masculin (possesseur). J’en ai aussi profité pour adopter un semblant de rimes embrassées – puisque le refrain de Till ne rime pas tout à fait non plus.

Adios

Adios


Er legt die Nadel auf die Ader
Und bittet die Musik herein
Zwischen Hals und Unterarm
Die Melodie fährt leise ins Gebeine

Los...

Er hat die Augen zugemacht
In seinem Blut tobt eine Schlacht
Ein Heer marschiert durch seinen Darm
Die Eingeweide werden langsam warm

Nichts ist für dich
Nichts war für dich
Nichts bleibt für dich
Für immer

Er nimmt die Nadel von der Ader
Die Melodie fährt aus der Haut
Geigen brennen mit Gekreisch
Harfen schneiden sich ins Fleisch
Er hat die Augen aufgemacht
Doch er ist nicht aufgewacht


Adieu

Il pose l’aiguille sur sa veine
Et invite la musique à entrer
Entre son cou et son avant-bras
La mélodie traverse doucement son ossature

Allez !…

Il a fermé les yeux
Une bataille se déchaîne dans son sang
Une armée défile dans ses boyaux
Ses entrailles se réchaufferont lentement


Il n’y a rien pour toi
Il n’y avait rien pour toi
Il ne te reste rien
A jamais


Il retire l’aiguille de sa veine
La mélodie sort de sa peau
Des violons brûlent en hurlant
Des harpes se brisent dans sa chair
Il a rouvert les yeux
Pourtant, il n’est pas éveillé

NB : De toute évidence, la chanson raconte l’histoire d’un toxicomane, certainement accro à l’héroïne qui, ici, devient mélodie.

Je suis assez déçue de ma traduction, que je trouve plate.

Chanson suivante: Nebel

Rein Raus

Rein Raus


Ich bin der Reiter
Du bist das Ross
Ich steige auf
Wir reiten los
Du stöhnst ich sag dir vor (an)*
Ein Elefant im Nadelöhr

Rein Raus

Ich bin der Reiter
Du bist das Ross
Ich hab den Schlüssel
Du hast das Schloss
Die Tür geht auf ich trete ein
Das Leben kann so prachtvoll sein

Rein Raus

Tiefer tiefer
Sag es sag es laut
Tiefer tiefer
Ich fühl mich wohl in deiner Haut
Und tausend Elefanten brechen aus

Der Ritt war kurz
Es tut mir leid
Ich steige ab hab keine Zeit
Muss jetzt zu den anderen Pferden
Wollen auch geritten werden

Va et viens

Je suis le cavalier
Toi le canasson
Je (te) monte dessus
Nous galopons
Tu gémis, je te dis En avant !
Un éléphant dans un chas d’aiguille


Va et viens

Je suis le cavalier
Toi le canasson
J’ai la clef
Toi la serrure
La porte s’ouvre, j’entre avec fracas
La vie peut être si géniale


Va et viens


Plus profond, encore
Dis-le, dis-le (bien) fort
Plus profond, encore
Je me sens bien sous ta peau
Et mille éléphants s’évadent


La promenade fut courte
J’en suis désolé
Je descends (de selle), je n’ai pas le temps
Je dois aller voir d’autres chevaux maintenant
Eux aussi ont envie de galoper

NB : Pour le titre, je trouve que la traduction littérale (Entre, sors ou Dedans, dehors) ne passe pas en français. J’ai donc adopter une autre expression qui, elle, convient bien au thème de la chanson, à savoir l’acte sexuel dit en levrette.

* j’ai ajouté « an » entre parenthèse car, phonétiquement, le mot se rapproche sensiblement du « ein » suivant, que Till enchaîne sans pause. Selon moi, ça expliquerait pourquoi il ne s’agit pas ici du verbe « vorsagen » (souffler, répéter), mais plutôt de « sagen » suivi d’une injonction « vor an ! ».

Chanson suivante: Adios

vendredi 21 mai 2010

Zwitter

Zwitter

Ich hab ihr einen Kuss gestohlen

Sie wollte sich ihn wiederholen
Ich hab sie nicht mehr losgelassen
Verschmolzen so zu einer Masse
So ist es mir nur allzu Recht
Ich bin ein schönes Zweigeschlecht
Zwei Seelen unter meiner Brust
Zwei Geschlechter eine Lust

Zwitter, Zwitter

Ich gehe anders durch den Tag
Ich bin der schönste Mensch von allen
Ich sehe wunderbare Dinge
Die sind mir vorher gar nicht aufgefallen
Ich kann mich jeden Tag beglücken
Ich kann mir selber Rosen schicken
Da ist kein Zweiter und kein Dritter
Eins und eins das ist gleich

Zwitter, Zwitter
Ich bin so verliebt
Ich bin in mich verliebt

Eins für mich eins für dich
Gibt es nicht für mich
Eins und eins das bin ich

Ich bin alleine doch nicht allein
Ich kann mit mir zusammen sein
Ich küsse früh mein Spiegelbild
Und schlafe abends mit mir ein
Wenn die anderen Mädchen suchten
Konnt ich mich schon selbst befruchten
So bin ich dann auch nicht verzagt
Wenn einer zu mir fick dich sagt

Zwitter
Ich bin so verliebt
Ich bin in mich verliebt

Eins für mich eins für dich
Gibt es nicht für mich
Eins und eins das bin ich

Bisexué
Je lui ai volé un baiser


Elle voulait le rattraper
Je ne l’ai plus lâchée
Fusionnant pour ne former qu’un
Tout cela me convient très bien
Je suis un bel hermaphrodite*
Deux âmes sous une poitrine
Deux sexes, un seul désir


Bisexué, bisexué*


Je passe la journée différemment
Je suis le plus beau des êtres vivants
Je vois des choses merveilleuses
Que je n’avais pas du tout remarquées avant
Je peux chaque jour me satisfaire
Je peux m’envoyer des roses moi-même
Il n’y a pas de duo ni de trio*
Un plus un, c’est égal à…**


Bisexué, bisexué
Je suis si amoureux
Je suis amoureux de moi-même


Un pour moi, un pour toi
Ça n’existe pas avec moi
Un plus un, c’est ce que je suis



Je suis célibataire pourtant pas seul***
Je peux être ensemble avec moi-même
Le matin j’embrasse mon reflet
Et m’endors le soir avec moi-même
Alors que les autres cherchaient des filles
Je pouvais déjà me féconder moi-même
Ainsi ne suis-je pas non plus démoralisé
Quand on me dit : « Va te faire niquer »


Bisexué, bisexué
Je suis si amoureux
Je suis amoureux de moi-même


Un pour moi, un pour toi
Ça n’existe pas avec moi
Un plus un, c’est ce que je suis

NB : * J’ai échangé « Zwitter » (hermaphrodite) avec « Zweigeschlecht » (bisexué) pour tenter de respecter le jeu de mot avec « Zweiter » (deuxième), « Dritter » (troisième) et « Zwitter » : en effet, « bi- » renvoie à l’idée de « dualité », qui est présente aussi avec « deux/duo ». Après tout, bisexué et hermaphrodite signifient à peu près la même chose – le second est juste un nom plus savant renvoyant à la mythologie grecque (Hermaphrodite était le fils/la fille d’Aphrodite, déesse de la beauté, et d’Hermès, le dieu messager).

** « gleich » signifie « pareil », mais dans le contexte, il est évident qu’il s’agit de l’expression utilisée pour les additions : 1+1=2 Un plus un égalent/font deux (en allemand : eins und eins ist gleich/gibt zwei), ce que la plupart des traductions oublient.

*** Till utilisent deux mots légèrement différents en orthographe qui ont pourtant le même sens. De plus, je pense qu’il joue sur l’idée que l’hermaphrodite est seul (au sens où il n’a pas de partenaire) sans être seul (puisqu’il est lui-même son partenaire). Utiliser « célibataire » est peut-être sur-traduit, mais au moins, c’est plus clair.

Chanson suivante: Rein Raus

Spieluhr

Ein kleiner Mensch stirbt nur zum Schein
Wollte ganz alleine sein
Das kleine Herz stand still für Stunden
So hat man es für tot befunden
Es wird verscharrt in nassem Sand
Mit einer Spieluhr in der Hand

Der erste Schnee das Grab bedeckt
Hat ganz sanft das Kind geweckt
In einer kalten Winternacht
Ist das kleine Herz erwacht
Als der Frost ins Kind geflogen
Hat es die Spieluhr aufgezogen
Eine Melodie im Wind
Und aus der Erde singt das Kind

(Hoppe hoppe Reiter)
Und kein Engel steigt herab
(Mein Herz schlägt nicht mehr weiter)
Nur der Regen weint am Grab
(Hoppe hoppe Reiter)
Eine Melodie im Wind
(Mein Herz schlägt nicht mehr weiter)
Und aus der Erde singt das Kind

Der kalte Mond in voller Pracht
Hört die Schreie in der Nacht
Und kein Engel steigt herab
Nur der Regen weint am Grab
Zwischen harten Eichendielen
Wird es mit der Spieluhr spielen
Eine Melodie im Wind
Und aus der Erde singt das Kind

(Hoppe hoppe Reiter)
Und kein Engel steigt herab
(Mein Herz schlägt nicht mehr weiter)
Nur der Regen weint am Grab
(Hoppe hoppe Reiter)
Eine Melodie im Wind
(Mein Herz schlägt nicht mehr weiter)
Und aus der Erde singt das Kind

Am Totensonntag hörten sie
Aus Gottesacker diese Melodie
Da haben sie es ausgebettet
Das kleine Herz im Kind gerettet

La boîte à musique

Un petit être décéda en apparence seulement
Ce qu’il voulait, c’était être tout seul
Le petit cœur était silencieux depuis des heures
Ainsi le crut-on mort finalement
On l’enterra vite dans le sable humide
Avec, dans les mains, une boîte à musique


Recouvrant la tombe, les neiges premières
Eveillèrent l’enfant tout doucement
Pendant une froide nuit d’hiver
Les battements du petit cœur se ranimèrent
Quand le gel saisit l’enfant
Celui-ci ouvrit la boîte à musique
Une mélodie dans le vent
Et des profondeurs chanta l’enfant


(Allez ! vite, cavalier)
Aucun ange ne vint ici bas
(Mon cœur ne bat plus désormais)
Seule la pluie sur la tombe pleura
(Allez ! vite, cavalier)
Une mélodie dans le vent
(Mon cœur ne bat plus désormais)
Et des profondeurs chanta l’enfant


La froide lune, toute splendide
Entendit les cris dans la nuit
Mais aucun ange ne vint ici bas
Seule la pluie sur la tombe pleura
Entre les dures planches en chêne
Il joua avec la boîte à musique
Une mélodie dans le vent
Et des profondeurs chanta l’enfant


(Allez ! vite, cavalier)
Aucun ange ne vint ici bas
(Mon cœur ne bat plus désormais)
Seule la pluie sur la tombe pleura
(Allez ! vite, cavalier)
Une mélodie dans le vent
(Mon cœur ne bat plus désormais)
Et des profondeurs chanta l’enfant


A la Toussaint ils entendirent*
Cette mélodie (sortir) du cimetière
Sur ce, ils le sortirent et le couchèrent
Le petit cœur dans l’enfant ils sauvèrent

NB : Hoppe Hoppe Reiter est une comptine pour enfants qui n’a pas vraiment de traduction figée en français. « Hopp » est ce que les Allemands disent pour presser le pas, par exemple. « Hue » est peut-être un peu trop spécifique (bien qu’il y ait bien un cavalier dans l’histoire) – c’est pour cela que je choisis « allez ! vite ».

Comme Till semble prendre dès le début de la chanson le ton de celui qui lit une histoire, j’ai choisi de traduire ses temps changeants par des passés simples partout (sauf pour la partie chantée par Khira) par souci de clarté en français.

* « Der Totensonntag » est en fait le Jour des morts pour les Protestants : il est fêté le dernier dimanche précédant l’Avent (novembre). Par concision, j’ai préféré la Toussaint des Catholiques qui est une fête équivalente.

Chanson suivante: Zwitter

mardi 9 mars 2010

Haifisch

Wir halten zusammen
Wir halten miteinander aus
Wir halten zueinander
Niemand hält uns auf

Wir halten euch die Treue
Wir halten daran fest
Und halten uns an Regeln
Wenn man uns regeln lässt

Und der Haifisch der hat Tränen
Und die laufen vom Gesicht
Doch der Haifisch lebt im Wasser
So die Tränen sieht man nicht

Wir halten das Tempo
Wir halten unser Wort
Wenn einer nicht mithält
Dann halten wir sofort

Wir halten die Augen offen
Wir halten uns den Arm
Sechs Herzen die brennen
Das Feuer hält euch warm

Und der Haifisch der hat Tränen
Und die laufen vom Gesicht
Doch der Haifisch lebt im Wasser
So die Tränen sieht man nicht

In der Tiefe ist es einsam
Und so manche Zähre fließt
Und so kommt es dass das Wasser
In den Meeren salzig ist

Man kann von uns halten
Was immer man da will
Wir halten uns schadlos
Wir halten niemals still

Und der Haifisch der hat Tränen
Und die laufen vom Gesicht
Doch der Haifisch lebt im Wasser
So die Tränen sieht man nicht

In der Tiefe ist es einsam
Und so manche Zähre fließt
Und so kommt es dass das Wasser
In den Meeren salzig ist

Und der Haifisch der hat Tränen
Und die laufen vom Gesicht
Doch der Haifisch lebt im Wasser
So die Tränen sieht man nicht

Le Requin


Nous nous arrêtons ensemble
Nous acceptons nos liens
Nous nous soutenons, ensemble
Personne ne nous retient


Nous vous devons loyauté
Nous nous y accrochons
Aux règles nous nous y tenons
Quand on nous laisse les imposer


Le requin a des larmes
Qui coulent sur son visage
Pourtant le requin vit dans l’eau
Ainsi ne voit-on pas ses larmes


Nous marquons le tempo
Nous tenons notre parole
Quand l’un (d’entre nous) ne suit pas
Nous nous arrêtons aussitôt


Nous gardons les yeux ouverts
Nous nous tenons par les bras
Nos six cœurs brûlent
Au chaud le feu vous garde


Le requin a des larmes
Qui coulent sur son visage
Pourtant le requin vit dans l’eau
Ainsi ne voit-on pas ses larmes


Dans les profondeurs marines
C’est la solitude qui règne
Donc plus d’une larme coule
Ainsi l’eau est-elle salée dans les mers


On peut toujours nous juger
Comme bon vous semble
Nous nous tenons prêts
Nous ne restons jamais tranquilles


Le requin a des larmes
Qui coulent sur son visage
Pourtant le requin vit dans l’eau
Ainsi ne voit-on pas ses larmes


Dans les profondeurs marines
C’est la solitude qui règne
Donc plus d’une larme coule
Ainsi l’eau est-elle salée dans les mers


Le requin a des larmes
Qui coulent sur son visage
Pourtant le requin vit dans l’eau
Ainsi ne voit-on pas ses larmes


NB: La plus grande difficulté pour traduire cette chanson a porté sur le verbe « halten » (tenir, s’arrêter, retenir, prononcer…) et ses dérivés sous forme de verbes composés (soutenir, supporter, etc.). La chanson est structurée sur la répétition de ce verbe, ce qui recrée le rythme d’origine de la musique (militaire, selon les dires du batteur Schneider : « elle ressemblait à une vieille chanson de travailleurs » dit-il) qui s’est légèrement estompé avec l’ajout de la mélodie de Flake (aux claviers). Evidemment, impossible de reprendre un verbe identique en français.
Le titre doit prendre l'article en français - c'est une règle canonique, pas une fantaisie de ma part! ;)

Le thème de la chanson est évident quand on sait à quel point l’enregistrement de l’album a été difficile – Richard (guitariste) n’a cessé de le rappeler en interview : ils se disputaient sans arrêt sur des broutilles, ralentissant considérablement le processus d’enregistrement (l’album aura mis deux ans à sortir !). Haifisch parle donc de Rammstein, en tant que groupe (ses six membres et leurs rapports entre eux), mais aussi en tant que symbole (ce qu’ils représentent, plus ou moins malgré eux : leur provocation, leurs excès, etc.)
Le requin, c’est donc eux – tous les six ensemble, mais aussi chacun d’eux. Comme des requins, les membres de Rammstein sont toujours en conflit, en concurrence (cf l’image de Richard : il parle de six rois pour un seul trône, dans une autre interview de six capitaines pour un seul navire ; or, leur principe depuis leurs débuts, "c’est la démocratie"). Et comme des requins, ils doivent rester en groupe pour survivre face au public (qui dans la chanson devient « vous » et « on » presque de manière indifférenciée – il reste possible de séparer ce public en deux : « vous » seraient les fans, « on » les autres, mais ce n’est pas le choix que j’ai fait pour ma traduction : la raison est toute simple – « on » ou « man » en allemand, n’a pas de forme accusative/COD-COI. Donc je pense que Till utilise « vous/euch » par obligation. Après, je peux me tromper.)
Till oppose donc « nous » (le requin, le groupe) à « on/vous » (le public, les fans) – il fait référence au côté dérangeant du groupe, leur provocation (qui dans la chanson devient symboliquement le feu « qui vous garde au chaud », référence directe à leurs petites tendances pyromanes sur scène) : ils imposent leurs règles et ne se tiennent jamais tranquilles car ils aiment perturber l’ordre commun. Le principe Rammstein résumé en une phrase.
Mais voilà, dans le refrain, c’est sur les larmes du requin que Till insiste : ça leur arrive de pleurer aux petits bouts de chou ! D’avoir donc des sentiments – or, ces sentiments, ces émotions, personne ne les voit, car « le requin vit dans l’eau ». Cette eau, elle vient des larmes ignorées. Par conséquent, « elle est salée », ce qui peut être une autre image pour leur penchant provocateur (peu agréable pour certains, de bon goût pour d’autres). Donc leur provocation cacherait leurs émotions – mais tirerait aussi sa source de ces émotions cachées.
Le feu devrait s’opposer à l’élément dans lequel vit le requin, à savoir l’eau. Mais pas avec Till. Feu/eau est le thème principal d’un quart des chansons du groupe, et il joue sur leurs significations interchangeables.

Point intéressant : le refrain est inspiré de Brecht : Opéra de Quat’ Sous, « Moritat von Mackie Messer » où un passage parle du requin qui a des dents et qui les montre par opposition à Mackie, un truand, qui a un couteau mais qui ne le montre pas. A cause de la dimension politique de la pièce, j’ai cherché un aspect plus engagé dans la chanson mais il n’y a rien. En même temps, ce n’est pas la première fois que Till s’inspire d’autrui par simple esprit artistique (il a repris deux poèmes de Goethe, quelques contes, etc.)…
Exposé terminé! :)