mardi 9 mars 2010

Haifisch

Wir halten zusammen
Wir halten miteinander aus
Wir halten zueinander
Niemand hält uns auf

Wir halten euch die Treue
Wir halten daran fest
Und halten uns an Regeln
Wenn man uns regeln lässt

Und der Haifisch der hat Tränen
Und die laufen vom Gesicht
Doch der Haifisch lebt im Wasser
So die Tränen sieht man nicht

Wir halten das Tempo
Wir halten unser Wort
Wenn einer nicht mithält
Dann halten wir sofort

Wir halten die Augen offen
Wir halten uns den Arm
Sechs Herzen die brennen
Das Feuer hält euch warm

Und der Haifisch der hat Tränen
Und die laufen vom Gesicht
Doch der Haifisch lebt im Wasser
So die Tränen sieht man nicht

In der Tiefe ist es einsam
Und so manche Zähre fließt
Und so kommt es dass das Wasser
In den Meeren salzig ist

Man kann von uns halten
Was immer man da will
Wir halten uns schadlos
Wir halten niemals still

Und der Haifisch der hat Tränen
Und die laufen vom Gesicht
Doch der Haifisch lebt im Wasser
So die Tränen sieht man nicht

In der Tiefe ist es einsam
Und so manche Zähre fließt
Und so kommt es dass das Wasser
In den Meeren salzig ist

Und der Haifisch der hat Tränen
Und die laufen vom Gesicht
Doch der Haifisch lebt im Wasser
So die Tränen sieht man nicht

Le Requin


Nous nous arrêtons ensemble
Nous acceptons nos liens
Nous nous soutenons, ensemble
Personne ne nous retient


Nous vous devons loyauté
Nous nous y accrochons
Aux règles nous nous y tenons
Quand on nous laisse les imposer


Le requin a des larmes
Qui coulent sur son visage
Pourtant le requin vit dans l’eau
Ainsi ne voit-on pas ses larmes


Nous marquons le tempo
Nous tenons notre parole
Quand l’un (d’entre nous) ne suit pas
Nous nous arrêtons aussitôt


Nous gardons les yeux ouverts
Nous nous tenons par les bras
Nos six cœurs brûlent
Au chaud le feu vous garde


Le requin a des larmes
Qui coulent sur son visage
Pourtant le requin vit dans l’eau
Ainsi ne voit-on pas ses larmes


Dans les profondeurs marines
C’est la solitude qui règne
Donc plus d’une larme coule
Ainsi l’eau est-elle salée dans les mers


On peut toujours nous juger
Comme bon vous semble
Nous nous tenons prêts
Nous ne restons jamais tranquilles


Le requin a des larmes
Qui coulent sur son visage
Pourtant le requin vit dans l’eau
Ainsi ne voit-on pas ses larmes


Dans les profondeurs marines
C’est la solitude qui règne
Donc plus d’une larme coule
Ainsi l’eau est-elle salée dans les mers


Le requin a des larmes
Qui coulent sur son visage
Pourtant le requin vit dans l’eau
Ainsi ne voit-on pas ses larmes


NB: La plus grande difficulté pour traduire cette chanson a porté sur le verbe « halten » (tenir, s’arrêter, retenir, prononcer…) et ses dérivés sous forme de verbes composés (soutenir, supporter, etc.). La chanson est structurée sur la répétition de ce verbe, ce qui recrée le rythme d’origine de la musique (militaire, selon les dires du batteur Schneider : « elle ressemblait à une vieille chanson de travailleurs » dit-il) qui s’est légèrement estompé avec l’ajout de la mélodie de Flake (aux claviers). Evidemment, impossible de reprendre un verbe identique en français.
Le titre doit prendre l'article en français - c'est une règle canonique, pas une fantaisie de ma part! ;)

Le thème de la chanson est évident quand on sait à quel point l’enregistrement de l’album a été difficile – Richard (guitariste) n’a cessé de le rappeler en interview : ils se disputaient sans arrêt sur des broutilles, ralentissant considérablement le processus d’enregistrement (l’album aura mis deux ans à sortir !). Haifisch parle donc de Rammstein, en tant que groupe (ses six membres et leurs rapports entre eux), mais aussi en tant que symbole (ce qu’ils représentent, plus ou moins malgré eux : leur provocation, leurs excès, etc.)
Le requin, c’est donc eux – tous les six ensemble, mais aussi chacun d’eux. Comme des requins, les membres de Rammstein sont toujours en conflit, en concurrence (cf l’image de Richard : il parle de six rois pour un seul trône, dans une autre interview de six capitaines pour un seul navire ; or, leur principe depuis leurs débuts, "c’est la démocratie"). Et comme des requins, ils doivent rester en groupe pour survivre face au public (qui dans la chanson devient « vous » et « on » presque de manière indifférenciée – il reste possible de séparer ce public en deux : « vous » seraient les fans, « on » les autres, mais ce n’est pas le choix que j’ai fait pour ma traduction : la raison est toute simple – « on » ou « man » en allemand, n’a pas de forme accusative/COD-COI. Donc je pense que Till utilise « vous/euch » par obligation. Après, je peux me tromper.)
Till oppose donc « nous » (le requin, le groupe) à « on/vous » (le public, les fans) – il fait référence au côté dérangeant du groupe, leur provocation (qui dans la chanson devient symboliquement le feu « qui vous garde au chaud », référence directe à leurs petites tendances pyromanes sur scène) : ils imposent leurs règles et ne se tiennent jamais tranquilles car ils aiment perturber l’ordre commun. Le principe Rammstein résumé en une phrase.
Mais voilà, dans le refrain, c’est sur les larmes du requin que Till insiste : ça leur arrive de pleurer aux petits bouts de chou ! D’avoir donc des sentiments – or, ces sentiments, ces émotions, personne ne les voit, car « le requin vit dans l’eau ». Cette eau, elle vient des larmes ignorées. Par conséquent, « elle est salée », ce qui peut être une autre image pour leur penchant provocateur (peu agréable pour certains, de bon goût pour d’autres). Donc leur provocation cacherait leurs émotions – mais tirerait aussi sa source de ces émotions cachées.
Le feu devrait s’opposer à l’élément dans lequel vit le requin, à savoir l’eau. Mais pas avec Till. Feu/eau est le thème principal d’un quart des chansons du groupe, et il joue sur leurs significations interchangeables.

Point intéressant : le refrain est inspiré de Brecht : Opéra de Quat’ Sous, « Moritat von Mackie Messer » où un passage parle du requin qui a des dents et qui les montre par opposition à Mackie, un truand, qui a un couteau mais qui ne le montre pas. A cause de la dimension politique de la pièce, j’ai cherché un aspect plus engagé dans la chanson mais il n’y a rien. En même temps, ce n’est pas la première fois que Till s’inspire d’autrui par simple esprit artistique (il a repris deux poèmes de Goethe, quelques contes, etc.)…
Exposé terminé! :)